1 janv. 2017

La motivation à l'école

Ou comment travailler avec  plaisir

On pourra toujours défaire et refaire les programmes de l'Education Nationale, se diviser entre pédagogie active, explicite ou bien inversée, il n'en reste pas moins qu'un apprenant n'apprendra que s'il est motivé. Et un enseignant enthousiaste sera toujours plus efficace qu’un enseignant pessimiste. Les critiques sont faciles mais repérer ce qui fonctionne, ce qui va bien n’a pas l’air d’être une évidence dans notre pays.
(Bien évidemment on n’oubliera pas qu'un élève ne pourra pas être motivé si ses besoins fondamentaux ne sont pas comblés. Mais ça, vous le saviez déjà, n'est-ce pas ?)
Pyramide de Maslow
Nous ne pouvons pas compter uniquement sur une motivation extrinsèque. Certes l'évaluation, quelle qu'elle soit, motivera une partie des élèves, mais elle pourra à l'inverse en démotiver l'autre partie. Alors qu'un élève qui travaille par et avec plaisir sera gagnant à chaque fois. On a souvent tendance à penser que l’élève est une souris dans un labyrinthe ! C’est sans compter sur leur motivation intrinsèque…

Le retour aux notes n’est pas pour moi à enterrer comme je l’expliquais ici.

Dan Ariely: Qu'est-ce qui nous apporte de la 
satisfaction dans notre travail ?

« Choisissez un travail que vous aimez et vous n'aurez 
pas à travailler un seul jour de votre vie. » Confucius

Les conditions nécessaires pour développer la motivation intrinsèque

Quand on enseigne, il est nécessaire de réfléchir au temps et à l’espace qui comme la plupart des contraintes peuvent devenir des atouts. Nos élèves sont-ils tous prêts à travailler à 9h00 ? Le mobilier est-il adapté ? Le bureau de l’enseignant est-il à la bonne place ? Il n’y peut y avoir de réponses toutes faites. Personnellement, je pars sur une organisation frontale en début d’année et puis en fonction du groupe classe j’organise les lieux différemment.
Quelle est la part d’autonomie laisse-t-on à nos apprenants ? On est motivé quand on donne un sens au travail que l’on effectue et quand on a la possibilité d'influer sur son déroulement. Nous sommes un guide qui ouvre des possibles à nos élèves. Nous nous devons de prendre le temps de faire le point avec nos élèves et de voir avec eux les leviers de changement. Il ne s’agit pas de donner des solutions toutes faites mais de permettre aux élèves de trouver les leurs. Ils doivent travailler avec plaisir et ce n’est pas en opposition avec « faire des efforts ». Je me rappelle cette enseignante qui répondait à un parent qui lançait chaque matin à son enfant « amuse-toi bien ! » que dans sa classe on travaillait ! #rabatjoie

L’apprenant trouve naturellement dans ses efforts un épanouissement personnel, un sentiment d’utilité, une reconnaissance ou une identité positive.… Nous avons encore dans nos classes de nombreux élèves qui travaillent pour faire plaisir à leur enseignant. Mais ces mêmes élèves irradient de bonheur quand le texte qu’ils ont écrit et publié sur le blog de la classe ou bien que le jeu qu’ils ont inventé et utilisé dans la maison de retraite d’à côté. Il peut aussi vouloir rechercher un sentiment d’appartenance à un groupe. Attention je ne parle pas de communautarisme ! Non j’entends ici que faire partie de la classe des CM1 bleu est un honneur car on y travaille ensemble pour y réussir ensemble ! Il en va de même quand je réunis tous les élèves d’un cycle pour leur présenter un personnage inspirant. C’est l’effet #YesWeCan que l’on ressent dans un groupe.


Pour motiver ne pas oublier de remercier avec conviction et simplicité : « Tu as bien écrit c'est très agréable de te lire... merci. » Pour être convainquant, il est nécessaire de s’appuyer sur des faits précis. « J’ai bien aimé quand tu as utilisé le vocabulaire que nous avons travaillé. »
Comme il est difficile de maintenir la motivation quand un recadrage s’impose ! Et pourtant… Et là encore soigner le temps et l’espace est important. Ce n’est pas forcément bon de réagir à chaud mais trop longtemps après. Evitons de le faire devant témoin ce qui peut être humiliant. Les critiques doivent être claires objectives et concises. Assurons-nous de la bonne compréhension des faits et énonçons les conséquences pour la classe. Indiquer les risques encourus s'il n'y a pas de changement est à faire donc dans un délai précis. Enfin proposons des voies d'améliorations en permettant à l'élève de trouver lui-même la solution. Un recadrage positif se termine toujours par l'assurance d'un soutien. Travaillons les manières de corriger cette erreur.


Enfin je terminerai par l’enthousiasme qu’un enseignant doit faire preuve. Arrêtons de pleurer le passé et allons de l’avant pour vivre le présent tel qu’il est. N’attendons pas des autres et de l’Education Nationale en particulier pour imaginer les solutions pédagogiques répondant aux problèmes de nos élèves. Oublions les mauvais souvenirs (remarques de parents, du directeur,…), car nous grandissons (nous aussi – si si) de nos échecs. Multiplions les petits succès et ayons des rêves ambitieux et réalisables pour nous, nos équipes et nos élèves. Si on est petits et moches, on est... petits et moches ! Rien ne sert de se focaliser la dessus ! Cela ne nous empêche pas d'être drôle, intelligent, énergique,...

GUILLAUME BATS - MONTREUX 2013

La formation des enseignants devrait contenir des modules sur le développement de l'intelligence émotionnelle et relationnelle des enseignants pour qu’ils puissent le développer chez leurs élèves. Pourquoi ne pas commencer la journée de classe par 15 min pour dire tout ce qui va bien dans la classe ? Pourquoi ne pas commencer une concertation par un forum de bonnes nouvelles - prendre 15 min pour partager du bonheur ? Et ce n’est pas chose facile, car nous sommes emprunts de morosité et de pessimisme.

Améliorer son intelligence émotionnelle, 
pourquoi pas à l'école ? par Moïra Mikolajczak

Un enseignant comme un directeur doit être "un émetteur de bonnes nouvelles" pour ses élèves et ses collègues. Pour cela, ne nous souhaitons plus « bon courage » au lieu de dire « bonne journée ». L’adjectif "petit" doit disparaître de notre vocabulaire d’enseignant « Nous allons faire un petit jeu, puis un petit exercice, copier une petite leçon,… » D’abord les enfants ne sont pas dupes. Ils savent qu’un petit jeu dans la bouche de la maitresse c’est la plupart du temps un truc pour faire avaler une pilule… Et quelle fierté n’a-t-on pas à faire de grande chose, non ? Emerveillons nous de notre environnement, laissons nous surprendre au coin d’une rue par le ciel qui n’a pas la même coloration que la veille, changeons notre parcours pour arriver à l’école,…

Philippe Bloch - Ne me dites plus jamais bon courage 

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